Ouverture des assises par Emmanuel Tibloux
Directeur de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon et président de l’ANdÉADiscours de Georges Képénékian
Président de l’EPCC École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon, Premier Adjoint au Maire de Lyon, délégué à la culture, aux grands événements et aux droits des citoyensDiscours de Farida Boudaoud
Vice-présidente du Conseil Régional de Rhône-Alpes déléguée à la culture et à la lutte contre les discriminationsDiscours d’Olivier Bianchi
Président de l'EPCC École Supérieure d'Art de Clermont Métropole, Maire de Clermont-Ferrand, Président de Clermont Communauté et Coprésident de la commission Culture et attractivité du territoire de France urbaineDiscours de Patrick Bloche
Conseiller et député de Paris, Président de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationaleDiscours de Corinne Diserens
Directrice de l’erg (école de recherche graphique / école supérieure des arts), BruxellesDiscours de Catherine Texier
Présidente du CIPAC, Fédération des professionnels de l'art contemporain, co-directrice du FRAC-artothèque LimousinDiscours de Pierre Oudart
Directeur adjoint de la création artistique et délégué aux arts plastiques, ministère de la Culture et de la CommunicationInterventions du public
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Ouverture des assises par Emmanuel Tibloux
Directeur de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon et président de l’ANdÉA
Cher-e-s collègues, cher-e-s ami-e-s, Mesdames, Messieurs,
Vingt ans après la création de l’ANdÉA et près de dix ans après les assises de Rennes, voici que s’ouvrent aujourd’hui de nouvelles assises des écoles supérieures d’art. Nombreux sont les changements intervenus ces vingt dernières années. « Processus de Bologne », « passage à l’EPCC », « LMD », « masterisation », « structuration de la recherche », « ESAD »[1] sont autant de termes et d’acronymes apparus récemment et qui jalonnent la grande mutation du paysage des enseignements supérieurs artistiques.
Dans le même temps s’accomplissait aussi le changement de l’ANdÉA, qui fut d’abord une association de directeurs – et je voudrais ici rendre hommage à toutes celles et ceux qui ont œuvré à la naissance et au développement d’une association qui, dès son origine, fut pensée comme l’instance d’une mise en réseau nécessaire des écoles supérieures d’art, en particulier à ses présidents successifs, Jean-Pierre Greff, son président fondateur, Patrick Talbot, Patrick Raynaud, Jean-Pierre Simon et Jacques Sauvageot – avant de devenir, en 2012, une association des écoles et d’intégrer en son sein tous les acteurs qui en font la richesse et la passionnante complexité : les professeurs bien sûr, artistes, designers, critiques, théoriciens, commissaires d’exposition ; les étudiants évidemment ; mais aussi les administrateurs, les responsables des études et de la recherche, les chargés des relations internationales et de la communication, les bibliothécaires. Plus qu’un organigramme, c’est tout un monde qui se déploie ici, dans cette salle comme au sein de chacune de nos écoles, dont ces assises et l’ANdÉA se veulent assurément le miroir, mais plus encore le catalyseur, tant nous sommes convaincus que c’est dans la diversité, dans l’hétérogénéité, dans la consistance et l’entretien de la pluralité, bref dans tout ce qui fait la viabilité d’un monde, que réside notre force.
Et encore n’est-ce pas tout, il y a ici avec nous des présidents d’établissements, des élus, des responsables de services artistiques ou culturels, qu’ils soient d’État ou de collectivités territoriales, des universitaires, des représentants de classes préparatoires, des artistes qui n’enseignent pas forcément dans nos écoles, mais qui ont tenu à être là : tout un monde là encore qui excède nos écoles et qui se trouve réuni autour de celles-ci, disons rapidement le monde de la création, de la culture, de la formation et de la recherche, tout un monde dont la consistance et la mobilisation nous sont essentielles.
Tout un monde dont je tiens à saluer la présence aujourd’hui et avec lequel nous allons passer deux jours à travailler autour de la formule qui nous réunit : « Demain l’école d’art. »
Tout un monde dont je salue d’autant plus la présence aujourd’hui, que cet aujourd’hui voit se consolider et se développer, dans certains de nos territoires, les forces les plus réactionnaires, qui tendent à rabattre demain sur hier et l’inconnu sur le connu. Et sans verser dans un complexe obsidional excessif, nous ne pouvons ignorer le contexte dans lequel se tiennent ces assises : celui d’une dangereuse conjonction entre une crise des finances publiques et la montée, non seulement des forces réactionnaires, mais aussi, plus diffuse, plus sourde, moins tapageuse, de la remise en question des politiques culturelles publiques.
Cette conjonction est assurément difficile pour des établissements publics qui ont vocation à former des créateurs. Quand les finances publiques sont en crise et que la création, avec ce qu’elle implique de saut dans l’inconnu et donc de confiance, devient un objet de défiance, comment ne pas se sentir à l’étroit ? C’est parce que le contexte est tel qu’il importe que nous soyons ici unis, autour d’un objet commun et de valeurs communes, que je synthétiserais en une formule : non pas la culture réductrice et asservissante du chiffre, mais le chiffre complexe et émancipateur de la culture.
« Demain l’école d’art » : sous ce titre, c’est évidemment d’abord de l’école d’art de demain qu’il s’agit, c’est-à-dire d’une école qui soit viable sur tous les plans, pédagogique, organisationnel, statutaire, économique, social et politique, et qui se tienne à l’articulation des politiques nationale et territoriales et des champs professionnel et académique. Sur toutes ces questions, chaque école, mais aussi l’ANdÉA, pour l’ensemble des écoles, a engagé et mène un travail important que je tiens à rappeler ici, non pas en manière de satisfecit, mais pour indiquer l’horizon et les différentes voies dans lesquelles notre action se déploie.
Au plan statutaire et législatif, nous œuvrons auprès du ministère de la Culture pour la mise en place d’un CNESER Culture[2], c’est-à-dire d’une instance supérieure qui soit composée de pairs et qui soit à même de fixer et d’évaluer les grandes orientations de nos établissements en matière de formation et de recherche. Nous sommes également fortement mobilisés sur la réforme nécessaire du statut des enseignants et allons engager un programme de réunions avec France urbaine[3] sur la question – nous avons la chance d’avoir à nos côtés Olivier Bianchi, coprésident de la commission Culture et attractivité du territoire de France urbaine.
Au plan de la recherche, dont la mission nous incombe désormais au titre de l’enseignement supérieur, nous avons organisé sa structuration en programmes, unités et troisièmes cycles, avec la mise en place, dans plusieurs écoles, de diplômes d’école, intitulés DSRA (Diplôme supérieur de recherche en art), dont nous escomptons qu’ils puissent, aux côtés des Doctorats co-habilités, sur la voie desquels certaines écoles se sont engagées, être reconnus comme des diplômes nationaux du ministère de la Culture.
En matière de gouvernance, nous avons publié en septembre 2015 une charte de bonnes pratiques concernant le recrutement des directeurs[4], dont nous escomptons qu’elle soit mise en œuvre dans toutes les écoles, avec le soutien de leurs présidents, présidents que nous avons par ailleurs pris l’initiative, depuis le séminaire qui s’est tenu à Metz à l’été 2014, d’associer à nos réflexions et dont je salue la large présence à ces assises, lesquelles donneront lieu – il est important de le souligner – à la première réunion des présidents d’écoles supérieures d’art.
En matière de financement, comme vous avez pu le lire dans une tribune que nous avons récemment cosignée dans Le Quotidien de l’art avec Georges-Philippe Vallois, le président du Comité professionnel des galeries d’art, nous avons passé un accord avec le comité pour qu’il invite toutes les galeries membres à verser leur taxe d’apprentissage aux écoles d’art à partir de cette année. Marion Papillon, vice-présidente du comité, y reviendra lors de la plénière de clôture.
Au plan social, nous avons élaboré en mars 2015 une charte contre les discriminations[5], principalement ciblée sur les discriminations sexuelles, mais qui va être suivie d’un travail sur les discriminations sociales. Nous engageons par ailleurs une collaboration avec la Fondation Culture & Diversité visant à mieux faire connaître nos écoles et à favoriser leur accès à des populations qui, pour des raisons sociales, en restent éloignées. Éléonore de Lacharrière, déléguée générale de la Fondation Culture & Diversité, y reviendra lors de la plénière de clôture.
En matière de valorisation et de communication, nous avons engagé un partenariat sur la longue durée avec Le Quotidien de l’art, qui donnera lieu chaque mercredi à une double page consacrée à une école et un de ses diplômés, de façon à passer en revue, de manière non hiérarchisée, loin de tout palmarès, toutes les écoles sans exception, par ordre alphabétique, depuis Aix ce mercredi jusqu’à Valenciennes dans plus d’un an. Nous allons également participer au séminaire annuel de l’Onisep de façon à mieux sensibiliser et éclairer les équipes qui informent les lycéens sur nos cursus. Nous collaborons dans le même ordre d’idée avec Campus France pour une meilleure lisibilité de notre offre de formation à l’étranger.
Au plan de l’insertion professionnelle et de la visibilité de nos diplômés, nous avons engagé un partenariat avec une association qui vient d’être créée par Estelle Francès, administratrice et directrice de la Fondation Francès, l’association Françoise pour l’œuvre contemporaine, dont Estelle nous parlera demain, et qui vise à créer un prix dédié aux jeunes diplômés de nos écoles, à valoriser le travail de ceux-ci via une plate-forme Internet et à œuvrer à la formation continue des jeunes artistes. Nous collaborons aussi avec le Palais de Tokyo sur la prochaine édition de Do Disturb qui sera dédiée aux écoles d’art et préparons pour le Palais une manifestation visant à rendre publics les projets de recherche portés par les écoles, dont Jean de Loisy devrait lui aussi nous parler demain. Nous sommes également engagés dans une collaboration avec l’APCI, l’Association pour la promotion de la création industrielle, pour la prochaine édition du forum « Design Mode d’emploi », qui vise à favoriser les rencontres entre les jeunes designers diplômés et les entreprises et les agences.
Comme on le voit ici, et comme on le sait, c’est sur de multiples plans que se déploie une école d’art. Sur ces différents plans, nous avons, à l’endroit de nos tutelles, l’État et les collectivités, un certain nombre de questions et d’attentes, auxquelles nous espérons que ces assises apporteront quelques éléments de réponse. Ces questions et ces attentes, je voudrais les rappeler brièvement, en précisant toutefois que c’est sur fond d’un indéfectible attachement au ministère de la Culture et aux collectivités territoriales qu’elles se formulent. Notre attachement au ministère de la Culture est indéfectible car c’est le ministère des artistes, le ministère des créateurs, qui porte les valeurs dans lesquelles nous nous reconnaissons : l’importance essentielle de la création, pour l’éducation, l’élévation et l’émancipation des hommes. Notre attachement est tout aussi indéfectible à l’égard des collectivités territoriales, car nous savons la part considérable de leur contribution au financement de ceux de nos établissements qui sont en EPCC, ainsi que la part décisive de l’ancrage territorial de nos écoles.
Je ne crois cependant pas trahir la pensée de la majorité d’entre nous en disant que, à côté de cet indéfectible attachement, à côté de la passion des écoles qui est la nôtre, et quelle que soit l’énergie que nous déployons, tant dans chaque école qu’au sein de l’ANdÉA, deux sentiments dominent au sein de notre communauté, deux sentiments qui du reste sont étroitement liés : celui de l’inquiétude et celui de l’inachèvement. Le sentiment d’inquiétude tient pour une large part à la crise des finances publiques et, avec elle, aux restrictions que nombre de nos écoles doivent affronter, quand ce ne sont pas des fermetures qui sont prononcées ou évoquées comme de fortes éventualités. Le sentiment d’inachèvement tient essentiellement à la grande mutation de nos établissements qui s’est opérée ces dernières années, de leur fonctionnement, de leur statut, de leurs missions, une mutation qui tient en une formule, celle de l’enseignement supérieur. Nos établissements se sont engagés, dans une relation étroite avec le ministère de la Culture et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, dans leur transformation en établissements d’enseignement supérieur artistique. Cette mutation n’est pas achevée ; nous sommes en quelque sorte au milieu du gué.
De ces assises, nous attendons qu’elles contribuent à dissiper nos inquiétudes et à réduire la part de l’inachèvement, inquiétudes qui sont sensibles à plusieurs endroits :
- à l’endroit de leur financement global bien sûr : dans un contexte de raréfaction des ressources publiques, il est essentiel que les écoles supérieures d’art, dans le même temps où elles innovent en matière de nouvelles ressources et de réduction des coûts, continuent d’être soutenues par les collectivités territoriales et voient leur budget a minima stabilisé à un niveau leur permettant de mener à bien leur mission principale d’enseignement supérieur artistique ;
- à l’endroit de la recherche : nos établissements ont accompli un travail considérable de développement et de structuration, avec des financements dédiés du ministère de la Culture, qui furent certes réduits au regard de ceux qui peuvent être mobilisés par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, mais qui sont absolument nécessaires pour mener à bien ce travail – aujourd’hui nous n’avons que peu de visibilité sur la reconduction de ces financements ;
- à l’endroit d’une instance supérieure de réflexion et de validation des orientations artistique et scientifique de nos établissements, que nous appelons un CNESER Culture, dont la mise en place semble engagée mais sans que nous sachions dans quels délais celui-ci pourra être effectif ;
- à l’endroit du statut de nos enseignants, dont chacun sait ici qu’il n’est pas adapté à l’enseignement supérieur, et en particulier aux missions de recherche ;
- à l’endroit enfin du statut de ceux de nos établissements qui sont en EPCC, dont nous savons également tous qu’il ne tient pas compte de la dimension « enseignement supérieur ».
Parce que nos écoles se déploient sur différents plans, le parti pris que nous avons adopté, pour construire et conduire ces assises, est résolument collégial et polyphonique. Il est collégial en ceci que c’est l’ensemble des membres, non seulement du Conseil d’administration, mais aussi de l’ANdÉA, qui a été invité à prendre part à leur élaboration, à l’occasion d’un séminaire préparatoire qui fut organisé à Nîmes cet été et qui nous aura permis de finaliser le format et la liste des invités, en associant notamment étroitement les étudiants à notre réflexion. C’est aussi un parti pris polyphonique, dans le sens où le cœur de ces assises est composé de quatre forums qui se tiendront simultanément, cet après-midi et demain matin. Chacun de ces quatre forums sera composé de huit séquences, quatre cet après-midi et quatre demain matin, qui commenceront à chaque fois à l’heure pile, de sorte que vous puissiez circuler aisément d’un forum à l’autre. Chacune de ces trente-deux séquences sera quasi systématiquement lancée par deux intervenants, avec des points de vue différents, parfois contradictoires, de façon à lancer la réflexion et le dialogue avec la salle non pas à partir d’un, mais de deux points de vue, avec cette idée, assez socratique, que l’échange dialogique est le format le plus adapté au dévoilement de la vérité.
Car c’est bien de vérité qu’il s’agit, c’est-à-dire d’accès au réel. Parce que le réel est complexe et stratifié, nous avons choisi d’adopter et de vous proposer quatre approches, quatre angles de vue, qui nous ont semblé nécessaires et suffisants pour appréhender le réel des écoles d’art : l’angle pédagogique, qui fera l’objet du premier forum, celui de la structuration, réglementaire, juridique et statutaire, qui sera celui du deuxième forum, l’angle disciplinaire, avec toutes les questions de pluri, trans ou interdisciplinarité qu’il implique, qui sera celui du troisième forum, et l’angle social et politique enfin, dont traitera le quatrième forum. Personne, Dieu excepté, ne pourra saisir la totalité du réel des écoles d’art, mais chacun est invité à se faire son école, selon son parcours, en assemblant, à la façon d’une construction cubiste, les facettes qu’il aura jugées les plus pertinentes.
À ces quatre angles de vue s’ajoutent enfin deux perspectives, deux perspectives que je qualifierais volontiers de cavalières, en ceci qu’elles ne visent pas à faire illusion, mais à nous informer sur une certaine profondeur de champ dans laquelle se déploient nos écoles : le champ politique d’une part, le champ professionnel d’autre part. Tel sera l’objet des deux séances plénières de ces assises : celle qui nous réunit maintenant en ouverture et celle qui nous réunira demain en clôture, avant que la Ministre de la Culture ne nous rejoigne pour ouvrir, nous l’espérons tous, de nouvelles et heureuses perspectives. Autant que l’école d’art de demain, c’est donc l’école d’art en tant que telle, vous l’aurez compris, qu’il s’agit pour nous d’envisager : l’école d’art en son tropisme de réflexion et de projection permanente, ou encore l’école d’art en tant qu’institution contradictoire, pour reprendre une formule de Jean-Claude Milner dans un ouvrage intitulé De l’école, publié en 1984 et réédité en 2009, de la lecture duquel il ressort que l’école d’art est l’essence même de l’école :
« Une institution contradictoire est […] par structure, instable, toujours en position critique, puisque toujours en situation d’articuler en langage institutionnel ce qui ne se laisse pas dire intégralement dans ce langage. Cette inappropriation, constamment surgissante, a pour symptôme la réforme : toujours renaît l’espoir qu’on saura mieux traduire en institution le principe non institutionnel. Aussi l’institution contradictoire passe-t-elle le plus clair de son temps à discuter d’elle-même et de sa modification. […] Il y a malheureusement un risque : à force de ne saisir un objet que du point de vue de sa réforme, on oublie volontiers ce qu’il est et ce qu’il peut être. »[6]
Saisir l’école d’art hors du prisme de sa réforme, en nous interrogeant sur ce qu’elle est et sur ce qu’elle peut être, tel est finalement l’enjeu majeur de ces assises.
Nous ne saurions cependant les déclarer ouvertes sans avoir remercié chacun de leurs contributeurs. S’il est impossible de remercier toutes celles et ceux qui ont contribué à leurs contenus, car il faudrait alors citer la centaine de participants au séminaire d’été de Nîmes, je tiens au moins à mentionner les membres du Conseil d’administration de l’ANdÉA, et en particulier la bande des huit qui animeront chacun des quatre forums, et qui n’ont compté ni leur temps ni leur énergie pour les construire : Dominique Pasqualini et Bernhard Rüdiger pour le forum « Enseigner l’art et le design », Hervé Alexandre et Danièle Yvergniaux pour le forum « L’enseignement artistique : une structuration spécifique », David Cascaro et Jean-Michel Géridan pour le forum « Autonomie et spécificités de l’enseignement artistique : tous pluridisciplinaires ? », Muriel Lepage et Stéphane Sauzedde pour le forum « Fonctions sociales et politiques des écoles supérieures d’art ».
Un grand merci aussi, pour la coordination de ces assises, à Maud Le Garzic, chargée de mission de l’ANdÉA, sans qui plus généralement l’ANdÉA ne saurait être à la hauteur de ce que nous voulons qu’elle soit, et à Antoine Brun, qui a assuré avec Maud la coordination logistique.
Notre gratitude et nos plus vifs remerciements vont aussi aux contributeurs financiers, sans lesquels ces assises n’auraient pu avoir la mesure que nous souhaitions leur donner : la Ville de Lyon, la Métropole de Lyon, la Région Rhône-Alpes et le ministère de la Culture et de la Communication. Et quoi qu’on dise, quoi que j’aie pu dire de l’étroitesse et la dureté des temps présents, de la remise en question des politiques culturelles publiques, il faut saluer la possibilité qu’un événement comme celui-ci puisse se tenir aujourd’hui grâce à des financements publics, dans une ville, une métropole, une région et un pays qui continuent de soutenir et de croire dans les valeurs d’humanisation et d’émancipation de la culture et de la formation artistique. Merci également à nos partenaires, qui ont apporté leur soutien à cette manifestation : les Subsistances et l’École des beaux-arts et toutes leurs équipes, la Biennale d’art contemporain de Lyon et la société Canson. Merci enfin aux soixante-dix intervenants qui ont accepté notre invitation et qui nous aideront à penser à « Demain l’école d’art », soit à l’école d’art de demain, mais aussi à ce qu’est et ce que peut être une école d’art.
[1] Le processus de Bologne, lancé par la déclaration de Bologne (1999) vise à mettre en place un système d’enseignement supérieur européen plus facilement compatible et cohérent. Son but est d’introduire un système de diplômes facilement reconnaissable et comparable, et de promouvoir la mobilité des étudiants, des enseignants et des chercheurs. Le processus est actuellement mis en œuvre dans 48 pays. Il n’est pas imposé aux gouvernements nationaux ni aux établissements d’enseignement supérieur. Il s’agit au contraire d’un engagement volontaire inter-gouvernemental par lequel chaque pays signataire s’engage à réformer son propre système d’enseignement. La réforme Licence-Master-Doctorat (LMD) désigne un ensemble de mesures modifiant le système d’enseignement supérieur français pour l’adapter aux standards européens. Elle met en place principalement une architecture basée sur trois grades (licence, master et doctorat) ; une organisation des enseignements en semestres et unités d’enseignement ; la mise en œuvre des crédits européens et la délivrance d’une annexe descriptive au diplôme. Pour certains diplômes qui ne sont pas des masters, comme le DNSEP (Diplôme national supérieur d’expression plastique) délivré par les écoles d’art, la masterisation a consisté à conférer le grade de master pour s’inscrire dans le LMD. Le grade de master implique notamment pour les écoles de faire de la recherche. L’EPCC, Établissement public de coopération culturelle, est le statut de la plupart des écoles supérieures d’art territoriales. L’EPCC est un établissement public constitué par au moins une collectivité territoriale ou un établissement public de coopération intercommunale (EPCI) pour gérer un service public culturel. Les activités de l’EPCC doivent présenter un intérêt pour chacune des personnes morales en cause et contribuer à la réalisation de la politique culturelle nationale. Les EPCC permettent d’associer plusieurs collectivités territoriales et éventuellement l’État dans l’organisation et le financement d’équipements culturels importants. L’EPCC a été créé par la loi du 4 janvier 2002. Enfin, « ESAD » est l’acronyme de « École supérieure d’art et de design », nom que porte dorénavant la plupart des écoles supérieures d’art qui proposent des cursus dans l’option design.
[2] L’ANdÉA milite depuis plusieurs années pour qu’un Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche spécifique aux écoles du ministère de la Culture voie le jour, sur le modèle du CNESERAAV, instance consultative pour l’enseignement supérieur et la recherche agricole, agro-alimentaire et vétérinaire. Le 24 mai 2016, le Sénat a entériné la création du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche artistiques et culturelles (CNESERAC) lors du passage en seconde lecture du projet de loi relatif à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine (art. 17B).
[3] France urbaine, née de la fusion de l’Association des Maires de Grandes Villes de France (AMGVF) et de l’Association des Communautés Urbaines de France (ACUF), regroupe les élus des métropoles, des grandes communautés et des villes centres ou périphériques. Elle compte 96 membres de toutes tendances politiques, représentant près de 30 millions d’habitants.
[4] Le recrutement des directeurs-rices d’écoles supérieures d’art – charte de bonnes pratiques, septembre 2015, www.andea.fr/doc_root/andea/commissions/560a5fa9247f9_charte-recrutement-directeurs-n-coles-d-art-sept-15.pdf
[5] Contre les discriminations, les écoles supérieures d’art s’engagent, mars 2015, www.andea.fr/doc_root/ressources/publication/5565ddec8942d_charte-discriminations-mars-15.pdf
[6] Jean-Claude Milner, De l’école, Paris, Éditions du Seuil, 1984, 155 p. ; Paris, Éditions Verdier, 2009, 218 p.