Intervention de Marion Papillon
Directrice de la galerie Claudine Papillon et vice-présidente du Comité professionnel des galeries d’art

Il est très important que l’on se retrouve ici ensemble, artistes, institutionnels, fondations privées, professionnels, galeristes et même sociologues. Je pense en effet que l’on appartient tous à ce même réseau professionnel et qu’il est aujourd’hui fondamental de le défendre. C’est important pour la création. Nos secteurs travaillent ensemble, tout au long de la vie de ces étudiants qui deviennent artistes. Tous ne le deviennent pas, on le sait, mais un certain nombre d’étudiants qui traversent vos écoles d’art vont pour autant travailler dans notre milieu professionnel. Il est fondamental que l’on développe la connaissance de ce milieu. C’est un milieu de collectionneurs, de galeristes, d’institutionnels et il n’est pas toujours évident de comprendre comment il fonctionne. Nous, les galeristes, sommes de plus en plus attentifs à cela. Nous rencontrons évidemment des artistes alors qu’ils sortent tout juste de l’école et parfois même dans les ateliers des écoles d’art. Nous allons régulièrement dans les ateliers et nous sommes aussi sollicités par des artistes et des professionnels qui nous invitent à le faire, à voir le travail qui se prépare. C’est de plus en plus important et il faut continuer dans ce sens-là.

C’est d’ailleurs pour cela que Georges-Philippe Vallois, président du Comité professionnel des galeries d’art, que je représente aujourd’hui, a fait le constat, avec Emmanuel Tibloux, qu’il fallait peut-être encore mieux formaliser cette dynamique professionnelle qui existe. Comme vous avez peut-être pu le lire dans la tribune publiée dans Le Quotidien de l’art il y a quelques jours, a été annoncée une nouvelle coopération, qui consiste à inciter nos galeries membres à verser la taxe d’apprentissage au profit des écoles supérieures d’art. C’est un geste fort puisqu’il s’agit finalement de faire circuler l’argent avec des outils qui existent, à savoir un impôt que les entreprises versent, et de le faire circuler au profit de notre secteur. Nathalie Talec a rappelé tout à l’heure les différences entre les artistes formés il y a trente ans et ceux qui le sont aujourd’hui. C’est aussi le cas des galeristes, qui ne sont plus les mêmes qu’il y a trente ans. Notre métier évolue et s’est largement professionnalisé. Maintenant, on ose utiliser des mots tels que « marché de l’art », « carrière », « collectionneurs », « réseaux ». Tout cela fait aujourd’hui partie de notre vocabulaire et il ne faut pas en avoir peur. Les artistes commencent à construire leur réseau dans vos écoles d’art et les galeries en font partie. Les institutions et les galeries sont leurs interlocuteurs de demain, ceux qui vont les aider à élargir ce cercle. C’est la raison pour laquelle nous devons tous avoir la volonté que les différents réseaux se croisent.

Nous, galeristes, défendons évidemment le travail des artistes et nous en assurons la promotion, mais nous avons aussi une mission d’archivage. Nous menons tout un travail de collecte d’informations, nous essayons d’accompagner les artistes dans ce travail, auquel vous les avez un peu formés et auquel il faudra de plus en plus les former, puisqu’à l’ère du numérique, nous n’avons plus d’ektachromes pour toutes les images. Les choses ont tellement changé qu’il faut apprendre à ces jeunes à conserver les informations. Les œuvres existent un certain temps, ce sont des installations par exemple, et il faut en conserver des images.

Il est aussi important de rappeler que les galeries et les artistes n’appartiennent pas qu’à l’énorme machine du marché de l’art, qui ne représente finalement qu’une petit proportion de ce qui se passe dans le monde et qu’à côté de cela, il y a des professionnels qui travaillent ensemble, en équipe, en ne parlant pas forcément de millions tout de suite ! Pour finir, je voudrais ajouter une chose. Nous, galeristes, contribuons tous à la valorisation de la scène française aujourd’hui, comme le font les institutions. Les écoles s’appuient aussi beaucoup sur un certain nombre de prix décernés aux jeunes diplômés. Il ne faut pas oublier que l’on travaille dans le même sens.

source : demainlecoledart.fr