Intervention d’Estelle Francès
Administratrice et directrice de la Fondation Francès, présidente de l'association Françoise pour l'œuvre contemporaine

En introduction, un petit mot sur une vision de l’école d’art telle que je l’envie, cette capacité, dans un cadre donné, mais serein, à repousser toutes nos limites et à prendre tous les risques : elle est tout de même le lieu où chacun peut s’exprimer, utiliser tous ces outils en mutation et aller au bout de lui-même pour exprimer une identité, une singularité et se révéler.

À travers le Prix Françoise que l’on a créé, nous complétons une démarche mise en œuvre depuis une dizaine d’années en tant que collectionneurs responsables : lorsque vous achetez une œuvre, vous êtes à un moment donné responsable de cette œuvre, tant pour sa conservation que pour sa monstration. Avant de créer l’association Françoise et ce prix, c’est une fondation d’entreprise que nous avons montée, et j’insiste sur l’entreprise, parce qu’il me semble que l’école d’art de demain va se situer largement dans ce partenariat, cet écosystème école-entreprise et médias, et qu’il va falloir que l’artiste en reste au cœur. Lorsque vous collectionnez, vous devez montrer les œuvres. Notre fondation est donc aussi un outil de diffusion. Sur un territoire tel que le nôtre aujourd’hui – la fondation n’est pas située à Paris mais en Picardie à 45 km de là sur un territoire aride – il nous semblait important de pouvoir bousculer les vieilles pierres qui nous entourent avec une proposition contemporaine assez radicale. Le Prix Françoise est né de notre expérience de collectionneurs et de fondateurs d’entreprise, dans une démarche entrepreneuriale qui est vraiment importante pour nous, dans le sens de la prise de risque. L’artiste prend des risques et j’aime cela. L’association Françoise pour l’œuvre contemporaine a pour objet de travailler à la fois sur son territoire, le territoire picard, et contrer un certain isolement des artistes, qui ont plus de trente-cinq ans pour la plupart, ne sont pas forcément issus des écoles d’art, mais ont beaucoup à montrer et à partager, avec une population locale et au-delà – nous serons très heureux si nous pouvons contribuer à les rendre visibles au-delà. L’association leur propose des workshops et des formations en ce sens.

L’autre activité de l’association, le Prix Françoise, avec son jury international, s’adresse d’abord aux diplômés des écoles d’art de l’ANdÉA. Le caractère international du jury a pour but de promouvoir les jeunes artistes à l’étranger mais aussi de croiser les cultures. Nous croyons beaucoup à ces échanges-là pour que l’artiste se révèle. Ce prix a d’abord une vocation nourricière, maternelle, et est forgé de cette lutte qu’ont pu représenter certaines figures d’une époque un peu passée aujourd’hui, mais que j’aime à mettre en avant en tant qu’elles ont dévoilé une identité féminine particulièrement ancrée dans l’évolution de l’humanité. C’est pourquoi l’on a choisi ce prénom, pour connoter des idées de proximité, d’engagement et de lutte. Il sera décerné à un artiste au regard d’une œuvre, mais aussi d’un projet en entreprise que nous accompagnerons pendant deux ans. L’un des enjeux de nos activités est que l’on puisse se défaire de la défiance vis-à-vis du secteur privé.

source : demainlecoledart.fr