Accueil de Madame Fleur Pellerin
Ministre de la Culture et de la Communi­cation par Emmanuel Tibloux, directeur de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon et président de l’ANdÉA

Madame la Ministre, nous sommes très heureux de vous accueillir. Vous avez devant vous la communauté des écoles supérieures d’art. Une communauté riche, féconde – ces deux journées l’auront prouvé –, qui, vous le savez, est extrêmement attachée à la tutelle du ministère de la Culture, car c’est le ministère des artistes, le ministère des créateurs, qui porte les valeurs dans lesquelles nous nous reconnaissons : l’importance essentielle de la création pour l’éducation, l’élévation et l’émancipation des hommes. Cela fait deux jours que nous travaillons réunis en forums à réfléchir sur le présent et l’avenir des écoles supérieures d’art, et nous avons pu vérifier qu’un sentiment dominait parmi nous : celui de l’inachèvement.

Une grande mutation de nos établissements s’est opérée, de leur fonctionnement, de leur statut, de leurs missions, une mutation qui tient en une formule, celle de l’enseignement supérieur. Nos établissements se sont engagés, sous la tutelle de votre ministère, dans leur transformation en établissements d’enseignement supérieur artistique. Cette mutation n’est pas achevée, nous sommes au milieu du gué. Cet inachèvement est particulièrement sensible à quelques endroits.

À l’endroit de la recherche, nos établissements ont accompli un travail considérable de développement et de structuration, les plaçant parmi les plus productifs d’Europe, avec des financements dédiés du ministère de la Culture qui furent certes réduits au regard de ceux qui peuvent être mobilisés par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, mais qui sont absolument nécessaires pour mener à bien ce travail et nous aimerions pouvoir compter sur vous pour nous aider à mener à bien ce travail passionnant. Or, aujourd’hui nous n’avons que peu de visibilité sur la reconduction de ces financements.

À l’endroit d’une instance supérieure de réflexion et de validation des orientations artistiques et scientifiques de nos établissements, ce que nous appelons un CNESER Culture, dont la mise en place semble engagée, nous aimerions voir cette étape essentielle enfin franchie, avant que ne retombe la mobilisation de toutes et tous.

À l’endroit du statut de nos enseignants, dont vous savez qu’il n’est pas adapté à l’enseignement supérieur, et en particulier aux missions de recherche.

À l’endroit enfin, du statut de ceux de nos établissements qui sont en EPCC, dont vous savez là aussi qu’il ne tient pas compte de la dimension enseignement supérieur.

J’ai conscience que notre attente peut sembler paradoxale, dans la mesure où nous vous adressons à la fois notre attachement indéfectible à votre ministère et notre attente à l’endroit de l’enseignement supérieur, pour lequel il existe un ministère dédié. C’est néanmoins ce paradoxe, ou cette dualité, qui nous situe à la croisée du champ académique de l’enseignement supérieur et du champ professionnel de la création, qui fait à nos yeux notre force et qui doit pouvoir faire plus largement la force des enseignements supérieurs culture dont vous avez la charge. Vous nous faites l’honneur de venir prendre la parole en clôture d’une intense session de travail et ces quelques mots visent à vous donner une idée des sujets qui ont été débattus, pensés, soupesés, élaborés par la communauté des écoles.

Nous nous réjouissons de pouvoir prolonger avec vous ces débats et réflexions et espérons pouvoir bientôt vous livrer les actes de ces assises pour pouvoir avancer vers le futur des écoles d’art : ce « demain » des écoles d’art que nous tâchons toutes et tous ici de ne jamais perdre de vue.

source : demainlecoledart.fr